Les innovations technologiques et d’usage, et l’accélération des transformations induites par le numérique bouleversent profondément la société et les modèles économiques établis : algorithmes, big data, réalité virtuelle, machine learning, robotique, intelligence artificielle, objets connectés, médecine connectée, ville intelligente, 3D, blockchain, fintech, legaltech, happytech, utilisation renforcée de l’économie collaborative, économie du partage, etc, aucun pan de la vie, aucune activité économique ne semble pouvoir échapper à l’économie numérique.
Le temps s’accélère pour les entreprises, tout va plus vite, et les cycles d’innovation se raccourcissent.
Pourquoi innover ?
Pourquoi vouloir faire du nouveau alors qu’on peut tranquillement exploiter ses acquis ?
La réponse est précisément dans la question. On innove avec l’idée d’améliorer l’existant afin de progresser, d’évoluer et donc au fond de survivre. C’est valable pour l’être humain en tant qu’espèce en évolution, tout comme pour l’entreprise en tant qu’organisme économiquement vivant. Innover est donc une condition nécessaire pour survivre !
Pour les entreprises, innover consiste à explorer de nouvelles zones de profits et en tirer un avantage concurrentiel. Elle consiste à bousculer les positions acquises et les règles établies en proposant des offres différentes de celles des concurrents, ou en proposant la même chose qu’eux, mais en mieux. Cela passe par l’innovation de produits, de services, de procédés, l’innovation organisationnelle, ou l’innovation de business model.
Pour les entreprises, innover pour changer et s’adapter est donc plus que jamais une question de survie, il reste à savoir comment.
L’injonction paradoxale
Le terme innovation est utilisé indifféremment pour désigner à la fois l’action d’innover et le résultat de cette action. Mais quelle que soit la nature de l’innovation, le paradoxe se situe précisément entre l’injonction d’innover et l’organisation même de l’entreprise qui ne lui donne pas l’espace de l’innovation : gestion du risque zéro, niveau d’investissement faible, culture d’entreprise sécuritaire, management hiérarchique rigide.
Déployer un processus d’innovation est donc un exercice d’équilibre, car il faut soutenir l’excellence des activités qui permettent d’exister sur le marché présent tout en créant en parallèle les activités de demain qui vont les remplacer.
Quelles sont alors les conditions pour innover ?
Croire qu’on peut innover en s’en tenant aux processus et règles structurantes de l’organisation est vain. Pour faire du nouveau, il faut perturber les normes habituelles de fonctionnement :
Diversifier les profils, et les points de vue :
Le recrutement est un atout pour l’innovation. La tendance naturelle de chacun et en particulier du manager est de s’entourer de profils et de cultures proches de la sienne. Ce que le manager achète alors en tranquillité et réassurance, l’entreprise le paiera à terme en profitabilité. S’entourer de profils variés et complémentaires nécessite du courage et une prise de risque souvent rejetée. A cela s’ajoute le fait que les compétences requises aujourd’hui ne sont pas celles d’hier et celles de demain ne sont pas celles actuelles. En témoignent les difficultés rencontrées par les millenials à manager les générations Z.
Créer les conditions du dialogue interdisciplinaire :
Les innovations naissent toujours de la rencontre entre des domaines de compétences qui n’ont rien à voir. Cela signifie décloisonnement, dialogues, interdisciplinarité. Cette ouverture des expertises se joue à tous les niveaux. Tout le monde s’accorde à penser que la transversalité est désormais la norme, mais combien d’entreprises ont radicalement modifié leurs modèles organisationnels et leur mode de fonctionnement ?
Etre en veille, accepter l’échec :
Au-delà de tout indicateur, tableau de bord, rapport d’évaluation ou étude prospective, le manager innovant est en veille permanente. Capter les signaux faibles est la clé pour sentir « l’air du temps », apprécier une direction à prendre, faire un choix de développement. Cela suppose en contrepartie d’accepter la possibilité de l’échec comme un levier de l’innovation.
Ainsi, les approches du type “test and learn” ou “fail fast, succed faster” sont au centre de tout processus d’innovation.
S’ouvrir et donner de l’air à la créativité :
L’entreprise d’aujourd’hui ne peut plus se satisfaire de réduire ses collaborateurs à des maillons dans un processus, car ils sont autant d’individus en prise sur d’autres horizons que celui de l’entreprise, capables de proposer des idées innovantes. C’est en mobilisant toutes leurs capacités que l’entreprise deviendra un milieu innovateur. C’est également ce qui justifie l’engouement des entreprises pour les nouvelles méthodologies de créativité et de collaboration telles que le Design Thinking et l’Agile.
Finalement
Dans un environnement beaucoup plus complexe, imprévisible, et aux contraintes multiples, l’innovation n’est plus une option mais une condition de survie.
Qu’elle soit incrémentale ou radicale, elle peut porter sur tous les éléments de la chaîne de valeur : l’organisation, les processus, les offres, les services, les produits, les modes de fonctionnement, etc. L’innovation visant à créer une nouvelle réalité, une nouveauté, elle vient par nature déranger l’ordre établi.
Ainsi pour être en capacité à innover, il faut installer une culture de l’innovation. L’entreprise doit devenir apprenante, capable d’adopter de nouveaux modes de collaboration, expérimenter de nouvelles façons de créer, travailler en réseaux en interne comme avec son environnement, excluant tout silo.
Yves MICHEL – Directeur Inovency
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